Somniphobie : c’est quoi exactement la phobie du sommeil ?
Aussi appelée « peur du sommeil », la somniphobie constitue une véritable souffrance pour les personnes qui en sont atteintes. Cette crainte de dormir provoque non seulement des insomnies, mais aussi de l’angoisse. Dans cet article, nous nous sommes intéressés à cette anxiété du sommeil. Définition, cause, traitement… Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur la somniphobie.
Somniphobie définition
La somniphobie (ou phobie du sommeil) désigne une peur extrême provoquée par l’idée d’aller dormir. Cette peur du sommeil est connue sous plusieurs appellations : clinophobie, hypnophobie, angoisse du sommeil ou encore anxiété du sommeil. L’Institut Européen du Sommeil définit la somniphobie à la fois comme une forme d’insomnie et comme un trouble anxieux.
En fonction de son origine, elle peut prendre plusieurs formes. Les personnes qui en souffrent peuvent être angoissées à l’idée de s’endormir et de ne pas se réveiller. La phobie du sommeil est aussi parfois liée à la crainte de ce qui pourrait arriver pendant que la personne dort. Les troubles du sommeil tels que les cauchemars ou la paralysie du sommeil peuvent aussi provoquer une somniphobie.
Cette peur est telle que la plupart des personnes atteintes de somniphobie sont anxieuses à l’idée de s’assoupir, voire de s’allonger. Par définition, une phobie désigne une peur intense et irraisonnée. La personne a conscience de son état, mais n’est pas en mesure de passer au-dessus de son angoisse.
La somniphobie entraîne de graves conséquences sur la santé mentale et physique. La personne est quotidiennement angoissée au moment d’aller au lit. Elle souffre en outre d’insomnie et donc des répercussions du manque de sommeil, à savoir, de la fatigue, du stress, des troubles de la concentration, des sautes d’humeur, etc.
Les causes de la somniphobie
Paralysie du sommeil
La paralysie du sommeil d’un trouble du sommeil qui survient lorsque l’on se réveille en plein rêve, durant la phase de sommeil paradoxal. Lorsque nous rêvons, nos muscles sont en quelque sorte paralysés. C’est une manière pour l’organisme d’éviter que nous vivions physiquement nos rêves et que nous nous mettions en danger.
Quand nous nous réveillons brusquement en phase de sommeil paradoxal, il peut arriver que nous soyons encore en train de rêver éveillés. Ce phénomène peut donner lieu à des hallucinations terrifiantes. Or, nous sommes incapables de bouger.
S’il ne dure que quelques minutes, un épisode de paralysie du sommeil peut être néanmoins traumatisant. Certaines personnes ont peur de revivre cette expérience cauchemardesque. C’est la raison pour laquelle elles craignent de s’endormir.
Trouble cauchemardesque
Les personnes qui en souffrent font fréquemment des cauchemars intenses qui continuent de les perturber pendant la journée. Elles peuvent repenser à des scènes effrayantes qui se sont passées dans leur rêve. Dans ce cas, aller dormir peut faire peur, car cela signifie faire des mauvais rêves.
Un trouble cauchemardesque peut survenir après un traumatisme. Il peut aussi être un symptôme de dépression ou de troubles anxieux. La prise de certains médicaments peut également entraîner des cauchemars.
Un traumatisme : le syndrome de stress post-traumatique (SSPT)
Il est très courant de faire régulièrement des cauchemars après avoir vécu un traumatisme. La personne peut alors développer une angoisse du sommeil, parce qu’elle a peur de revivre cette mauvaise expérience en rêve. Il arrive que les victimes de traumatisme développent un trouble cauchemardesque.
Par ailleurs, certaines personnes craignent ce qu’il serait susceptible de survenir si elles s’endorment : incendie, cambriolage, agression, etc.
Les symptômes de la phobie du sommeil
Comme vous le savez, bien dormir est indispensable pour rester en bonne santé. Cependant, les troubles du sommeil engendrent un manque de sommeil et des conséquences sur le bien-être et la santé. C’est le cas de la somniphobie. Cette peur intense d’aller dormir se manifeste par plusieurs symptômes d’ordre psychologique et physique.
Les symptômes psychologiques de la phobie du sommeil
Les symptômes psychologiques de la somniphobies sont les suivants :
- Sentiment d’angoisse à l’idée de sommeil ;
- Stratégie d’évitement : rester éveillé le plus longtemps possible pour retarder au maximum le moment d’aller se coucher ;
- Anxiété grandissante à mesure qu’approche l’heure de dormir ;
- Survenue de crises d’angoisse au moment du coucher ;
- Troubles de l’humeur et irritabilité le soir en particulier ;
- Focalisation sur la peur d’aller au lit ;
- Insomnies.
Les symptômes physiques de l’anxiété du sommeil
La peur de dormir se traduit également par des symptômes physiques :
- Sentiment de la poitrine qui se serre et du cœur qui s’emballe à l’idée même de dormir ;
- Nausées et maux de ventre liés à l’angoisse du sommeil ;
- Troubles divers dus à l’anxiété : tremblements, frissons, hyperventilation, suée, etc. ;
- Chez les enfants : agitation et pleurs au moment du coucher, refus de rester seul dans sa chambre, etc.
Les autres signes de la somniphobie
Certaines habitudes liées à l’adaptation à ce trouble peuvent par ailleurs cacher une peur panique de dormir. Certaines personnes prendront l’habitude de dormir avec la lumière allumée ou de laisser la télévision en marche. Il arrive que le somnophobe prenne des médicaments, de l’alcool ou des substances pour échapper au sentiment d’anxiété dont il est victime.
Comme nous l’avons dit plus haut, la somniphobie n’est pas anodine pour la santé. Il est important de consulter un médecin si vous souffrez de symptômes caractéristiques. Il existe en effet des traitements adaptés pour soigner ce trouble.
Les traitements pour contrer la somniphobie
Le traitement de la somniphobie dépend majoritairement de l’origine de l’angoisse du sommeil. Le plus souvent, ce trouble anxieux nécessite un suivi thérapeutique (psychothérapie, thérapie d’exposition ou thérapie cognitive et comportementale).
Traitement thérapeutique
La thérapie d’exposition
La thérapie d’exposition est utilisée pour soigner plusieurs types de phobies. Elle consiste à s’exposer de manière progressive à sa peur et d’identifier en parallèle des solutions pour diminuer l’anxiété. Ce travail se fait avec l’accompagnement d’un thérapeute.
Concernant la phobie du sommeil, vous échangez avec le thérapeute à propos de votre peur afin d’en comprendre la nature et l’origine. Le soignant peut aussi utiliser des techniques de relaxation. Il peut aussi vous amener à vous représenter, grâce à votre imagination, ce que pourrait être une nuit de sommeil sereine.
Lorsque vous maîtrisez ces techniques en séance, le thérapeute peut vous encourager à effectuer de courtes siestes dans un premier temps, en étant accompagné par un parent, un conjoint, un ami. Cela vous aidera à vous sentir en sécurité.
La thérapie peut aussi consister à dormir en présence d’un professionnel de santé pour une sieste ou une nuit de sommeil. Il reste éveillé alors que vous dormez.
La Thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
Les TCC ont également fait leur preuve dans le traitement des phobies. Elles consistent à comprendre et trouver les moyens de surmonter la somniphobie. Ce type de thérapie a aussi pour objectif de vous permettre de modifier votre manière d’appréhender les pensées négatives et envahissantes qui peuvent survenir lorsque vous êtes exposé à votre angoisse. Le but est de faire en sorte que vos pensées et vos actions soient mieux adaptées à la situation.
Ainsi, le thérapeute travaille avec vous sur la somniphobie en elle-même, mais aussi sur la cause de l’anxiété.
Traitement avec médicaments
Il n’existe pas de traitement spécifique pour soigner la somniphobie. Toutefois, certains médicaments aident à diminuer les symptômes engendrés par la peur :
- Les benzodiazépines : il s’agit de sédatifs qui possèdent un effet anxiolytique. Les benzodiazépines créent toutefois une forte dépendance. Ils doivent donc être utilisés à très court terme. Ils entraînent par ailleurs des effets secondaires importants ;
- Les bêtabloquants : ils agissent surtout sur les symptômes physiques de l’angoisse. Ils peuvent par exemple aider à stabiliser la fréquence cardiaque et à éviter que la tension artérielle n’augmente ;
- Les somnifères : ils peuvent être prescrits à court terme pour vous permettre de récupérer ;
- Certains antidépresseurs agissant sur les troubles anxieux.
Tous ces traitements sont prescrits par un médecin traitant ou un psychiatre. Pour être efficaces, ils sont habituellement pris dans le cadre d’une thérapie et d’un accompagnement thérapeutique.
FAQ – Somniphobie
Comment la somniphobie est-elle diagnostiquée ?
Si vous reconnaissez des symptômes de la somniphobie (angoisse à l’idée d’aller dormir, éveil prolongé, stress important en pensant au sommeil), il est fortement recommandé d’en parler avec votre médecin ou avec un psychiatre. Il pourra alors poser un diagnostic et vous prescrire un traitement adapté.
Généralement, les professionnels de santé identifient une phobie lorsque la peur cause une détresse et une véritable gêne dans la vie du patient.
Pour résumer, la somniphobie se traduit la plupart du temps par :
• Une qualité de sommeil fortement affectée ;
• Une angoisse à l’idée d’aller se coucher ;
• Des difficultés scolaires, professionnelles ou personnelles ;
• Une durée supérieure à 6 mois ;
• Une stratégie d’évitement qui consiste à repousser l’heure du coucher.
Quels sont les différents types de troubles du sommeil
Il existe trois grands types de troubles du sommeil :
• Les dyssomnies : elles englobent les insomnies qui ont une cause psychologique, l’insomnie d’origine extrinsèque (c’est-à-dire provoquée par des facteurs externes comme le bruit ou la lumière), les insomnies d’altitude, la narcolepsie, les troubles du sommeil provoqués par la consommation d’alcool ou de substances. Lorsque l’insomnie dure moins de 3 semaines, on parle d’insomnie temporaire. Au-delà, il s’agit d’une insomnie chronique ;
• Les parasomnies : il s’agit de troubles du sommeil qui impliquent des réveils nocturnes sans que cela altère de manière significative le sommeil et la vigilance durant la journée. Elles surviennent le plus fréquemment chez les enfants. Chez l’adulte, elles peuvent être pathologiques. Parmi les parasomnies, on retrouve les terreurs nocturnes, le bruxisme nocturne, le somnambulisme, l’énurésie (incontinence nocturne), les troubles du sommeil liés au sommeil paradoxal comme la paralysie du sommeil ;
• Les troubles du sommeil ayant des causes neurologiques, psychiatriques ou provoqués par diverses pathologies.
Y a-t-il des facteurs de risque ?
Les personnes ayant un membre de leur famille qui souffre de phobie ont plus de chances d’en développer. Les troubles du sommeil, certaines maladies, des troubles psychiques peuvent également favoriser l’apparition de somniphobie. Elle est notamment susceptible de survenir chez des personnes atteintes de pathologies graves qui peuvent avoir peur de mourir dans leur sommeil.