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Polygraphie ventilatoire : un examen pour déceler les troubles du sommeil

Il existe de nombreux dispositifs et tests permettant d’analyser le rythme et la qualité du sommeil. Et ce, dans le but d’identifier les troubles du sommeil qui y sont rattachés s’il y en a. 

Les plus connus sont l’actimétrie, l’agenda du sommeil, les tests de vigilance et la polysomnographie. Mais ce ne sont pas les seuls. Il y a aussi la polygraphie ventilatoire nocturne que la majorité a tendance à confondre avec la polysomnographie. 

De quoi s’agit-il ? Avez-vous déjà fait ou entendu parler de la polygraphie ventilatoire ou respiratoire ? En quoi consiste ce test du sommeil ? Où et comment la réaliser ? Nous répondons à toutes vos questions.

Qu’est-ce que la polygraphie ventilatoire?

Il s’agit d’un examen qui consiste à recueillir un certain nombre de données relatives au sommeil. Sa finalité est de déceler les éventuels troubles qui peuvent perturber ce dernier. Elle se fait au moyen d’un polygraphe qui comprend plusieurs capteurs permettant de mesurer et d’enregistrer :

  1. Le débit de respiration ;
  2. L’effort abdominal et thoracique ;
  3. Le taux d’oxygène présent dans le sang ;
  4. La position du corps ;
  5. La fréquence cardiaque.

Les informations recueillies (pendant le sommeil) sont transférées depuis l’appareil en question vers un ordinateur (recours à un logiciel médical dédié). Et ce, pour que la personne compétente puisse les analyser et proposer une solution efficace en cas d’anomalie. 

polygraphe

La polygraphie respiratoire est un examen ambulatoire (En d’autres termes, il ne nécessite pas d’hospitalisations, sauf en cas d’exception). 

Le polygraphe est portatif et est posé sur le patient chez lui par un personnel médical avant qu’il ne dorme la nuit. Et si aucun infirmier ou responsable ne peut se déplacer, le patient doit lui-même se rendre au cabinet de son docteur pour se le faire poser.

Le caractère ambulatoire de la polygraphie ventilatoire ne remet-il pas en question sa fiabilité ? 

La réponse est non. Bien au contraire, si l’examen est réalisé dans un environnement hospitalier, le patient peut se retrouver troublé. Et cela peut altérer les résultats. Il vaut mieux qu’il reste dans son environnement habituel et qu’il se comporte le plus normalement possible (ne pas changer ses habitudes).

Décryptage de l’appareil de polygraphie ventilatoire

polygraphie ventilatoire

Le polygraphe utilisé pour la réalisation de la polygraphie ventilatoire comporte plusieurs capteurs à savoir :

  • Un détecteur de température ou thermistance naso-buccale ;
  • Une canule nasale pourvue de 2 embouts narinaires qui capte le flux d’air de la respiration ;
  • Un oxymètre de pouls à poser à l’extrémité de l’index pour mesurer la saturation en oxygène de l’hémoglobine du sang ;
  • Un micro à installer à la base du cou pour l’enregistrement des bruits de respiration (ronflement, suffocation, etc.) ;
  • Deux sangles, une thoracique et une abdominale, qui enregistrent les mouvements respiratoires thoraciques et abdominaux pendant le sommeil ;
  • Un capteur de position corporelle pour enregistrer la position du corps et voir s’il se met dans une posture particulière lorsqu’un événement particulier se produit.
  • Un boîtier électronique auquel tous les éléments cités précédemment sont reliés. Il est placé sur le thorax ou à une poignée. C’est lui qui enregistre toutes les données recueillies pour que le médecin puisse les transférer sur ordinateur et les analyser après.

La pose du polygraphe prend 15 à 30 minutes. Comme déjà dit, elle est faite soit au domicile des patients, soit au cabinet du médecin traitant. Une fois l’appareil posé, le personnel médical explique brièvement comment l’examen fonctionne et ce que les patients doivent faire

Remarque : il peut arriver que le praticien demande que la polygraphie ventilatoire soit couplée avec un enregistrement vidéo. Cela va lui permettre de mieux évaluer la durée du sommeil du patient et de repérer plus facilement les anomalies.

Polygraphie ventilatoire nocturne: le déroulé de l’examen

Après la pose du polygraphe, les patients regagnent leur domicile et reprennent tranquillement leurs habitudes. Ils dorment avec le polygraphe dont l’enclenchement et l’extinction ont préalablement été programmés. 

Le lendemain au réveil, ils retirent eux-mêmes l’appareil. Et ils le remettent entre les mains du personnel médical qui les prend en charge. C’est généralement un pneumologue qui va procéder à l’analyse et à l’interprétation des données.

conclusions de l’examen de polygraphie ventilatoire

Les conclusions de l’examen sont rapportées sous forme de courbes linéaires ou courbes de tendance. La première chose que le médecin va faire est d’évaluer si les conclusions sont exploitables et représentatives ou non. Si ce n’est pas le cas, il va falloir refaire l’examen. Si c’est le cas, le processus peut continuer. L’analyse doit se faire par période de 2 à 10 minutes pour avoir un diagnostic clair et précis sans lequel aucune prise en charge efficace ne peut être prescrite.

L’objectif de ladite analyse est d’établir un indice dénommé Index d’Apnées-Hypopnées (IAH). C’est celui-ci qui va permettre de savoir si le dormeur souffre :

  • D’apnée du sommeil : la respiration naso-buccale s’arrête complètement pendant 10 secondes.
  • D’hypopnée du sommeil : le débit de respiration naso-buccale diminue de 30 % pendant 10 secondes. Le taux d’oxygène dans le sang a, quant à lui, baissé de 3 à 4 % pendant ce temps.

Pour obtenir quelque chose de probant, un professionnel du sommeil doit analyser 30 à 60 minutes de chaque portion d’enregistrement.

Outre les enregistrements, un questionnaire est donné aux patients pour qu’ils puissent renseigner leur médecin sur les éventuels accidents liés à l’examen. Est-ce qu’il s’est réveillé la nuit ? A-t-il senti une gêne ? Les capteurs se sont-ils débranchés accidentellement ? L’appareil s’est-il éteint ? Etc. Tout cela peut aider le professionnel du sommeil dans ses conclusions.

Dans quels cas la polygraphie ventilatoire est-elle nécessaire?

Ce dispositif est prescrit lorsque :

  • Le dormeur présente des symptômes de troubles respiratoires du sommeil (fatigue, ronflement, somnolence diurne, etc.).
  • Un dormeur qui ronfle demande à ce qu’on prenne en charge ses ronflements. La polygraphie va permettre de lever les doutes liés à l’existence du syndrome de l’apnée obstructive du sommeil.
  • Il faut mesurer l’efficacité d’un traitement de trouble respiratoire du sommeil comme dans le cas d’une orthèse d’avancée mandibulaire.
  • Un dormeur présente des risques importants de trouble respiratoire du sommeil. Il peut être obèse, diabétique ou souffrir d’hypercholestérolémie, etc.

Vous l’avez compris, elle permet de déterminer si un dormeur souffre d’une apnée ou d’une hypopnée du sommeil. 

Une polygraphie est toujours réalisée à la suite d’une recommandation médicale d’un ORL, d’un pneumologue, d’un médecin généraliste… Elle ne se fait pas à la demande.

Comment s’effectue la lecture des résultats d’une polygraphie ventilatoire?

Après avoir établi l’Index d’Apnées-Hypopnées, les conclusions sont les suivantes :

  • 0/h ≤ IAH ≤ 5/h : normal, il n’y a aucun problème.
  • 5 < IAH ≤ 15 : syndrome d’apnée du sommeil léger.
  • 15 ≤ IAH ≤ 30 : syndrome d’apnée du sommeil modéré. Un essai de traitement est nécessaire pour les patients qui en présentent les symptômes.
  • 30 < IAH : syndrome d’apnée du sommeil sévère. Un essai de traitement est nécessaire, peu importent les symptômes des patients.

Si besoin, le médecin traitant peut demander qu’un diagnostic supplémentaire soit réalisé.

Différence entre la polygraphie ventilatoire et la polysomnographie?

La majorité pense que la polygraphie et la polysomnographie sont les mêmes choses. Certains vont même jusqu’à dire que la polygraphie est une version simplifiée de la polysomnographie, mais ce n’est pas le cas. Et ce, même s’il n’existe pas encore de définition unique pour chacune d’entre elles.

Électroencéphalographie

Pour que vous puissiez prendre connaissance de leurs différences, nous vous les avons détaillés ici-bas.

#1. Le nombre de signaux mesurés

La polysomnographie est l’examen le plus complet et le plus concluant du sommeil à l’heure actuelle. En plus des signaux que la polygraphie permet d’évaluer, elle mesure aussi les paramètres cardiaques et neurophysiologiques. Elle prévoit un :

  • Électroencéphalogramme (EEG) pour enregistrer l’activité du cerveau.
  • Électro-oculogramme (EOG) pour enregistrer les mouvements du globe oculaire.
  • Électrocardiogramme (ECG) pour enregistrer l’activité cardiaque.
  • Électromyogramme (EMG) pour enregistrer l’activité musculaire.

#2. La surveillance et le lieu de l’examen

La polygraphie ventilatoire est un examen ambulatoire réalisé au domicile du patient. Le personnel médical n’est présent que lors de la pose du polygraphe. L’examen se fait sans surveillance médicale.

La polysomnographie, par contre, est réalisée dans un centre hospitalier ou un laboratoire de sommeil. Et ce, sous la surveillance continue d’un médecin ou d’un technicien médical formé à cet effet.

#3. La durée de l’examen

La polygraphie est réalisée sur une période de sommeil normale et complète de 6 heures au minimum.

La polysomnoventilagraphie, par contre, peut être réalisée sur une durée limitée de moins de 6 heures (sieste par exemple). Mais elle peut également porter sur une nuit divisée. Pendant la première partie de la nuit, le médecin se limite au diagnostic du sommeil. Et pendant la seconde partie, il intervient thérapeutiquement. 

En procédant ainsi, non seulement il obtient le diagnostic, mais il identifie également le traitement efficace pouvant atténuer les symptômes du trouble du sommeil identifié.

#4. Le système d’enregistrement

Dans le cas de la polygraphie, l’appareil utilisé est portable. Dans le cas de la polysomnographie, l’appareil d’enregistrement est fixe. C’est la raison pour laquelle l’examen doit être réalisé dans un hôpital.

#5. L’analyse et l’interprétation des résultats

Selon le logiciel utilisé, l’analyse et l’interprétation des résultats peuvent être automatiques ou manuelles ou les 2. Il est rare que les données d’une polysomnographie soient analysées et interprétées manuellement.

Quelles sont les précautions à prendre avant une polygraphie ventilatoire?

Pour s’assurer que la polygraphie se déroule bien comme il se doit, il faut respecter les conditions et règles suivantes :

  • Un professionnel doit accompagner le patient et être présent au moment de la pose de l’appareil. Et ce, surtout si la personne a un handicap. C’est cette personne qui va l’aider à mettre en place et à retirer l’appareillage.
  • Éviter de prendre un repas trop copieux et de consommer de l’alcool ou des drogues avant l’examen pour ne pas altérer les résultats.
  • Ne pas changer ses habitudes au quotidien : se comporter normalement, prendre son traitement habituel (même les somnifères).
  • Si la pose de l’appareil se fait au cabinet du médecin, il vaut mieux se vêtir d’un haut ample. Ce sera plus facile et pratique pour le port de l’appareil jusqu’à la maison.
  • Se doucher avant la pose du polygraphe parce qu’il est impossible de le faire une fois les capteurs branchés.

À noter : la polygraphie à domicile n’est pas conseillée pour les patients dont l’état de santé (mental et/ou physique) est dégradé à un point où ils ne peuvent plus rien manipuler. 

En quoi la polygraphie ventilatoire présente des limites?

Lorsque le sommeil du dormeur est fragmenté, les résultats de la polygraphie peuvent ne pas être concluants et fiables. Et ce, parce que l’Index d’Apnées-Hypopnées (IAH) par heure de sommeil se retrouve sous-estimé. Les résultats observés ne correspondent pas ainsi aux présomptions et aux symptômes du patient.

Si une telle situation se présente, le docteur va demander un diagnostic supplémentaire. Il peut, par exemple, prescrire une polysomnographie ou un autre examen en complément.

FAQ – Polygraphie ventilatoire nocturne

Nous en avons terminé avec l’article sur la polygraphie ventilatoire nocturne. Répondons à présent aux questions les plus fréquemment posées par les internautes sur le sujet.

Quel est le prix d’une polygraphie ventilatoire?

Le prix à payer pour une polygraphie est évalué entre 130 et 200 euros. Nous parlons ici d’honoraires conventionnés et remboursables par la sécurité sociale. 

Des frais de participation d’un montant de 18 euros seront demandés au patient lors de l’examen sauf s’il est atteint d’une infection de longue durée. Dans ce cas-là, il en est exonéré.

Est-ce que l’apnée du sommeil est une maladie?

L’apnée du sommeil est une pathologie caractérisée par des arrêts (apnées) ou des diminutions (hypopnées) de la respiration pendant le sommeil dû à des obstructions temporaires ou partielles des voies respiratoires de l’arrière-gorge. Elle est plus généralement connue sous le nom de Syndrome d’Apnées-hypopnées obstructives du Sommeil (SAOS).

L’apnée du sommeil est généralement associée à l’obésité, au cholestérol, au diabète et au syndrome métabolique. Si elle n’est pas soignée à temps, elle peut augmenter les risques d’AVC, de trouble du rythme cardiaque, d’hypertension artérielle, d’insuffisance cardiaque ou de maladie coronarienne. Autrement dit, elle fragilise l’organisme et augmente la mortalité.

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