Quel est l’impact de l’obésité sur le sommeil ?
Existe-t-il des liens entre le sommeil et l’obésité ? Nous pouvons nous demander si dormir fait grossir ou bien maigrir, encore faut-il pouvoir trouver le repos. En effet, en France, 17 % de la population détient une dette chronique de sommeil. De plus, 45 % des 25 à 45 ans évoquent ne pas beaucoup se détendre. Parallèlement, les cas de personnes obèses augmentent en flèche. Se pourrait-il alors que l’insomnie engage une prise de poids en raison d’une fatigue constante ? Des chercheurs se sont penchés sur la question depuis des années et plusieurs études démontrent de nouveaux rapports entre le sommeil et l’obésité. Explications.
Sommeil et obésité : quelle relation entre eux ?
Ne vous sentez-vous pas en pleine forme lorsque vous venez de passer une bonne nuit de sommeil ? Vous êtes prêt à affronter votre journée et à aller au travail, effectuer vos tâches de la vie usuelles, faire du sport, etc. Les professionnels de santé recommandent environ sept à neuf heures de repos au quotidien afin de conserver cet entrain. De fait, une régénération s’opère sur plusieurs niveaux. Par exemple, les cellules se réparent et les organes se restaurent si trop d’excès ont eu lieu récemment. Dès qu’un individu ne dort pas assez – moins de six heures par nuit – les problèmes s’amassent, créant parfois une longue liste. Entre insomnie, apnée du sommeil et accumulation du stress la journée, ces inquiétudes ne favorisent pas un répit de qualité.
De plus, un cercle vicieux est susceptible de s’enclencher à cause d’une insuffisance de repos. Nous sommes moins enclins à nous engager dans un effort physique, comme une séance de sport, si nous ressentons régulièrement une fatigue. En outre, cette perte de dynamisme peut entraîner une augmentation de l’appétit ainsi que de l’insulinorésistance. Les risques de développer un diabète de type 2 ou bien du surpoids se retrouvent alors en hausse. (À lire aussi: la relation entre le diabète et le sommeil) C’est pourquoi nous raccordons souvent le sommeil et l’obésité ensemble.
En effet, moins nous sommes reposés, plus nos hormones reliées au métabolisme et au sommeil sont perturbées. Les individus dormant peu détiennent un niveau élevé de cortisol. Il s’agit de l’hormone du stress, liée à l’évolution de l’Indice de masse graisseuse (IMC). Également, la ghréline, encourageant le désir de nourriture et stimulant l’appétit, se retrouve, elle aussi, en hausse. C’est pourquoi nous pouvons avoir des fringales la nuit, car nous n’arrivons pas à dormir. Par ailleurs, la leptine se réduit. Cette hormone signale au cerveau l’état de satiété et favorise la dépense énergétique. Son abaissement rend difficile de savoir quand s’arrêter de manger. Le résultat de ce dérèglement engendre une prise de poids qui peut s’avérer importante si les problèmes ne sont pas enrayés.
D’un autre côté, des chercheurs en biologie de l’université du Nevada aux États-Unis évoquent que l’obésité serait un facteur venant perturber le repos, et non l’inverse, comme il est coutume de penser. Leur étude, publiée dans la revue Plos Biology, informe qu’ils ont travaillé sur des vers microscopiques afin de modifier leurs gènes. Ils ont réussi à éteindre un neurone de contrôle du sommeil. Les sujets ont ainsi perdu la faculté à dormir et cela a engendré une accumulation de graisse. Cet état est en réalité très semblable à une forme de surcharge pondérale retrouvée chez l’homme.
De fait, la libération du surplus de masse est un mécanisme qui pourrait favoriser le sommeil. Cette hypothèse, avancée par l’étude, s’est vue vérifiée par la suite. En effet, les biologistes ont injecté dans les vers insomniaques une enzyme permettant d’évacuer les graisses. Ils se sont rendu compte ensuite qu’ils étaient capables de dormir à nouveau. Ainsi, ces résultats pourraient expliquer les liens entre problèmes de sommeil et obésité.
Difficile de comprendre tous les rapports présents entre sommeil et obésité. Nos croyances peuvent être influencées par les médias et les marques spécialisées dans la minceur, qui n’hésitent pas à jouer sur tous les tableaux marketings pour accroître leurs ventes. Cependant, des analyses scientifiques existent, s’appuyant sur des hypothèses vérifiées par des expériences. Cela met en lumière si dormir participe à une perte ou un gain de poids.
Dormir fait grossir ou maigrir ? Éléments de réponse
Par exemple, l’étude de Locard, datée de 1992, étayait le fait que moins un enfant avait d’heures de sommeil, plus il était sujet à augmenter sa masse corporelle. Ce tandem sommeil-obésité a été l’objet d’autres préoccupations savantes. En effet, le professeur Van Cauter aux États-Unis s’est penché sur la relation entre les hormones régulant le poids – la ghréline et la leptine – et le manque de repos. Il explique que les adultes dormant moins que la moyenne recommandée subissent un dérèglement du métabolisme. Une des conséquences est le gain de masse corporelle, menant vers un surpoids et un cas d’obésité si les choses ne sont pas prises en main.
En outre, une étude différente publiée dans le Journal of the American Medecine Association, en 2022, s’est attelée à corroborer ces questions entre sommeil et obésité. Les chercheurs ont sélectionné un panel de 80 participants en surpoids qui dormaient moins de 6,5 heures de sommeil par nuit. Pendant 15 jours, un groupe de 40 patients ont conservé ces habitudes tandis que l’autre avait pour unique consigne de prolonger leur nuit de deux heures. À terme, il s’avère que les résultats observés auprès du deuxième groupe montraient une réduction de l’apport énergétique, entraînant un bilan énergétique négatif d’environ 270 kcal/jour.
Cette prolongation de sommeil, active chaque nuit pendant une quinzaine de jours, a bien démontré une baisse de poids, très succincte, mais vérifiable. C’est pourquoi si le groupe témoin poursuivait cette nouvelle habitude de nuit, alors il pourrait noter une baisse d’IMC dans les mois et les années à venir. En effet, une perte de 270 kcal/jour représente 12 kg de moins sur une durée de trois ans. Le sommeil pourrait bien être une des solutions pour enrayer les problèmes d’obésité s’il est couplé à une pratique physique et sportive.
De fait, dans les conclusions de l’étude Effect on sleep extension de 2022, les biologistes signalent que l’amélioration du temps de repos relève d’un objectif de santé publique pour la prévention de l’obésité. Le but est de sensibiliser toute une population, notamment les jeunes qui souffrent de plus en plus de surpoids, en particulier dans les pays industrialisés. Toutefois, dormir plus pour maigrir n’est pas une habitude à prendre. Il faut conserver une moyenne correcte, adaptée à son âge et conjointe à une hygiène de vie saine et un régime alimentaire équilibré. Les professionnels de santé recommandent toujours de consulter un médecin ou un nutritionniste lors d’une décision de perte de poids. Un accompagnement permet d’obtenir des conseils, des pratiques actuelles et un suivi qui engagent la personne obèse dans un processus approprié à sa volonté.
FAQ – Sommeil et obésité
Comment réduire le risque d’obésité et améliorer mon sommeil au quotidien ?
Il existe plusieurs bonnes habitudes à adopter afin de restreindre la somnolence, cultiver son sommeil et lutter contre l’obésité. En premier lieu, la meilleure chose à intégrer le plus rapidement est de se coucher et de se réveiller à heures fixes. Votre métabolisme prendra vite le pli, seulement si vous limitez les siestes durant la journée. En effet, elles ne doivent pas dépasser une trentaine de minutes, car vous perturberiez votre énergie puis votre nuit de sommeil.
Par ailleurs, préparez judicieusement votre rituel du coucher. Évitez de faire des repas copieux deux bonnes heures auparavant, car la digestion vous empêchera de bien dormir. De plus, pour ne pas exciter votre corps, réalisez une pratique sportive trois heures au préalable de votre nuit. Enfin, posez votre téléphone portable au moins une heure avant de vous glisser sous les draps pour ne pas fragiliser votre endormissement.
Pourquoi l’obésité comme le manque de sommeil sont-ils liés à un dérèglement des hormones ?
Notre organisme dispose de plusieurs hormones qui contrôlent notre appétit et notre satiété. Il s’avère que leur perturbation peut être attachée à des problèmes de sommeil et d’obésité. En effet, un défaut de repos enclenche la production de ghréline dans la journée et limite l’effet de la leptine. En d’autres termes, nous avons faim tout le temps. De plus, le cortisol, l’hormone reliée au stress, grimpe en flèche et nous donne l’envie de nous réconforter dans la nourriture, en particulier envers les aliments sucrés.
L. Magee et L. Hale, deux chercheurs, ont publié une étude dans la revue Sleep Medicine Reviews en 2012 sur le manque de sommeil et l’obésité. En résumé, un individu n’atteignant pas le repos recommandé chaque nuit consomme 400 calories de plus par jour qu’une personne dormant suffisamment. En définitive, une prise de masse graisseuse de 18 kilos aurait lieu chaque année.
Quel est le risque de développer l’apnée du sommeil ?
Plusieurs symptômes signalent des problèmes d’apnées du sommeil. Arrêts de la respiration fréquents, de 10 à 30 secondes, accompagnés de ronflements plus ou moins puissants… Ce tableau se noircit lorsque la personne est en surpoids. En effet, la moitié des gens obèses souffrent d’apnée du sommeil, augmentant les risques de maladies cardiovasculaires.
En réalité, la masse graisseuse s’installe partout dans le corps, y compris au niveau de la gorge. Lorsque l’individu s’assoupit, la langue et la luette n’ont plus suffisamment de place pour se relâcher complètement. L’air ne peut plus passer avec aisance dans le conduit naturel. Quand il se ferme, l’apnée s’enclenche et cause un réveil brutal. Il est possible que la personne se rendorme, mais ces interruptions respiratoires ne participent pas à un repos de qualité. Le sommeil et l’obésité ne forment clairement pas un bon ménage.