Insomnie paradoxale : ai-je vraiment dormi ? Explications
Les troubles du sommeil sont nombreux et touchent beaucoup de personnes : l’insomnie paradoxale est l’un d’entre eux. Vous l’avez peut-être déjà expérimenté sans le savoir. Elle est difficile à identifier et se confond parfois avec une insomnie classique. Au réveil, les personnes concernées affirment ne pas avoir dormi. Pourtant, si des tests sont réalisés, les résultats prouvent tout le contraire. De plus, les patients ne présentent pas les symptômes traditionnels d’une nuit blanche lorsqu’elles se lèvent. Explications sur cette fausse impression qui trouble peut-être vos nuits et vos réveils.
Insomnie paradoxale : de quoi s’agit-il ?
1) Définition de ce trouble subjectif
Une insomnie paradoxale est complexe, et diffère d’une insomnie classique. Dans une insomnie classique, la personne concernée ne dort pas du tout de la nuit. Elle peut faire ce qu’on appelle une nuit blanche. Certaines personnes d’ailleurs choisissent volontairement d’en faire, par exemple pour travailler.
L’insomnie paradoxale, quant à elle, génère le sentiment de ne pas avoir dormi de la nuit alors qu’en réalité, il y a plusieurs épisodes de sommeil. Les personnes souffrant d’insomnie paradoxale sont donc incapables de dire si elles ont réellement dormi et si oui, combien de temps. L’impression de la mauvaise nuit est donc une évaluation erronée de la nuit écoulée.
Cette perception altérée donne également un deuxième nom à l’insomnie paradoxale : l’insomnie subjective, ou pseudo-insomnie.
Les insomniaques, quant à eux, ont tendance à surestimer leur temps d’endormissement, qui leur paraît long et interminable. Paradoxalement au réveil, les personnes qui sont atteintes d’insomnie subjective, ne présentent pas les symptômes des personnes qui passent des nuits blanches. Elles ne manquent pas de sommeil, ne présentent pas les troubles classiques comme le manque de concentration, le déclin de l’attention, des difficultés cognitives, etc. Concrètement, les personnes sont asymptomatiques, ce qui rend l’évaluation d’autant plus difficile.
2) Les profils touchés par l’insomnie psychophysiologique
Les troubles du sommeil peuvent toucher tout le monde, enfants comme adultes, sans distinction d’âge. Un grand nombre de raisons peut en être la cause. Néanmoins, les personnes qui sont sujettes au stress, à l’anxiété ou à la dépression, sont les premières à être touchées.
Le sommeil est quelque chose de très cérébral. En ayant involontairement une grande activité cérébrale tout au long de la journée, les personnes concernées vont avoir du mal à se détendre et à arrêter de penser au moment d’aller se coucher. Ce pic d’activité cérébral élevé rappelle une phase du sommeil appelée “sommeil paradoxal”.
C’est pendant cette phase que notre cerveau fabrique les rêves. Les personnes qui souffrent d’insomnie paradoxale ont l’impression d’avoir cogité toute la nuit. Un cercle vicieux peut malheureusement se mettre en place : en étant anxieuse, une personne peut angoisser à l’avance sur les nuits qu’elle va passer. Soit elle veut absolument passer une bonne nuit pour se reposer, soit elle stresse à l’idée de passer encore une mauvaise nuit… Et n’arrive donc pas à se détendre pour dormir.
3) Insomnie paradoxale et insomnie ordinaire : semblables ?
Même si elles portent le même mot, l’insomnie ordinaire et l’insomnie paradoxale sont différentes.
L’insomnie ordinaire est un véritable dysfonctionnement du sommeil. Les conséquences d’une insomnie se ressentent dès le lendemain matin et tout au long de la journée. La personne concernée va montrer de nombreux symptômes, tels que :
- une somnolence ;
- un manque d’énergie ;
- une irritabilité inhabituelle ;
- des troubles de l’humeur ;
- une perte d’attention et de vigilance, et évidemment ;
- une mauvaise qualité de sommeil ;
- etc.
L’insomnie classique est aussi appelée “insomnie psychophysiologique » et peut être dangereuse pour la santé et pour le bien-être. Elle peut être liée à des maladies variées et lorsqu’elle est répétée régulièrement, elle peut provoquer des accidents.
Parallèlement, une personne souffrant d’insomnie paradoxale est asymptomatique pendant la journée. Elle ne présente aucun des signes évoqués ci-dessus. Tout au long de la journée, elle aura la désagréable sensation de ne pas s’être suffisamment reposée et d’être anormalement fatiguée. En réalité, au cours d’une insomnie paradoxale, la personne a réellement dormi. Elle ne se sent juste pas reposée au réveil. C’est une sorte d’effet inconscient : comme elle est intimement convaincue de ne pas avoir dormi, elle en ressent les signes négatifs mentalement. C’est le contraire de l’effet placebo : l’effet nocebo.
Quelles sont les causes de l’insomnie paradoxale ?
L’insomnie paradoxale peut avoir plusieurs causes, selon les profils. Les personnes souffrant de troubles du sommeil sont très généralement aussi touchées par de l’anxiété, du stress (psychologique, émotionnel, passager ou chronique), de la dépression (psychologique ou nerveuse) ou des antécédents pathologiques ou troubles mentaux.
D’autres facteurs peuvent être liées à l’environnement de la personne. Elle peut avoir changer de rythme de travail, modifier ses horaires, travailler de nuit, subir un jet-lag (avec un décalage horaire en cas de voyage), etc. Certains perturbateurs sont parfois liés à la santé ou à l’hygiène de vie. Par exemple, la consommation tardive de café ou de thé peut maintenir éveiller et exciter le système nerveux, même chose pour une consommation excessive de tabac ou de troubles liés à l’alcool ou la drogue.
Enfin, des maladies génèrent des insomnies, ordinaires ou paradoxales, comme certaines maladies chroniques, le syndrome des jambes sans repos, la ménopause, certains reflux gastro-intestinaux, l’apnée du sommeil. Les personnes de plus de 60 ans rencontrent également souvent ce genre de troubles du sommeil.
Comment soigner l’insomnie paradoxale ?
Fort heureusement, il est tout à fait possible de remédier à l’insomnie paradoxale. En fonction de votre profil, différentes solutions s’offrent à vous, selon l’avis d’un professionnel de la santé.
1) Les traitements médicamenteux
Si vous avez parlé de votre insomnie paradoxale à votre médecin, il peut être en mesure de vous prescrire certains médicaments pour vous aider à vous détendre avant de dormir. Généralement, ce sont des médicaments antistress, psychotropes ou anxiolytiques, qui sont uniquement prescrits sur ordonnance. Il est important de souligner que cette solution doit rester le dernier recours et doit demeurer une solution à court terme. Si vous le pouvez, privilégiez en priorité les méthodes douces, naturelles et non médicamenteuses. Parlez-en avec votre médecin traitant ou un spécialiste du sommeil.
2) La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
La thérapie cognitivo-comportementale est une solution douce, qui permet de traiter les troubles du sommeil en s’attaquant directement aux causes qui les provoquent.
Lors d’une séance, la personne concernée peut s’exprimer sur son état général, son ressenti vis-à-vis de sa situation. Lorsque la cause est identifiée, le professionnel de santé peut suggérer de briser certaines idées reçues sur le sommeil et faire relativiser ou disparaître les symptômes supposés d’une insomnie. En changeant son comportement face à son appréhension du sommeil, le stress peut ainsi diminuer au moment du coucher.
3) Gestion du stress
La gestion du stress et de l’angoisse est souvent la clé pour mieux dormir. Même si cela paraît souvent plus facile à dire qu’à faire, appréhender les situations stressantes de la vie quotidienne avec plus de recul. En apprenant à être moins angoissés face à l’inconnu sur lequel nous n’avons aucun contrôle, certains éléments du quotidien peuvent alors nous sembler plus légers. Des professionnels de santé peuvent vous aider dans cette appréhension, comme des psychologues, des thérapeutes, etc. Des médecines douces et relaxantes sont également là pour apporter une autre approche : le yoga, la méditation, la relaxation ou certains sports et étirements peuvent vous aider.
4) Modification du mode de vie
Le mode de vie peut également être à l’origine de troubles du sommeil. Une mauvaise hygiène de vie, par exemple, peut impacter les journées et les nuits. Si vous consommez trop de café, si vous êtes un consommateur d’alcool ou de drogues, que vous avez une alimentation inadaptée et déséquilibrée, votre sommeil sera impacté négativement. En réduisant ou arrêtant votre consommation d’excitants, en mangeant mieux (et léger le soir) ou en pratiquant une activité physique dans la journée. L’idée est de vous détendre plus naturellement votre corps afin d’optimiser votre métabolisme au moment du coucher.
FAQ – Insomnie paradoxale
Quelle est la phase de sommeil la plus réparatrice ?
Le sommeil au cours d’une nuit, est constitué de différents cycles, eux-mêmes divisés en plusieurs phases. Il y a 3 types de sommeil (sommeil léger, sommeil profond et sommeil paradoxal) et 4 stades de sommeil.
Le sommeil léger arrive en stade 1 et 2 : c’est l’endormissement. Le cerveau ralentit et le corps se détend. L’état est léger : le moindre bruit ou perturbation réveille la personne.
Le sommeil profond (ou lent) est en stade 3 et 4. L’activité cérébrale ralentie, le dormeur est plus difficile à réveiller et reste insensible à son environnement.
Enfin le sommeil paradoxal est atypique : le corps se détend totalement et au le cerveau prend le relais et nous rêvons.
La phase de sommeil la plus réparatrice est un sommeil lent et profond, entre le deuxième et le troisième cycle. En ayant une activité cérébrale réduite et des muscles qui sont en train de se détendre, le corps se recharge. C’est le moment idéal, généralement situé environ 2 heures après votre coucher.
Comment mettre en place un rituel du coucher pour éviter l’insomnie ?
Une méthode pour éviter les insomnies est de mettre en place un rituel du coucher. Voici quelques exemples.
• Lire pendant dix minutes maximum. Lire est un bon moyen pour s’évader et se déconnecter du quotidien avant de dormir. Attention cependant à ne pas trop dépasser les dix minutes (sinon votre cerveau sera trop stimulé). Veillez à choisir une lecture reposante, qui ne vous crée pas trop d’émotions.
• Mettez votre tenue de nuit uniquement au moment du coucher et non pas plusieurs heures avant. Cela risque de conditionner votre esprit à se préparer pour la nuit.
• Le cerveau a tendance à “prendre la même température” que la pièce dans laquelle il est. Sauf que le cerveau se détend lorsqu’il se refroidit. Essayez donc de faire baisser légèrement le thermostat de votre chambre avant de dormir.
• Arrêtez les écrans environ 1 heure avant de vous coucher. La luminosité envoie des signaux stimulants à votre cerveau.
• Respirez avec le ventre. Les exercices de respiration sont les plus simples pour se détendre.
• Boire une infusion à base de plantes 2 à 3 heures avant de dormir (camomille, basilic, passiflore, etc.).
• Mettez une goutte de lavande vraie sur votre taie d’oreiller, connue pour ses vertus apaisantes (ou utilisez de la brume d’oreiller).