Hallucination hypnagogique : un trouble du sommeil très courant
Vous aussi, vous est-il déjà arrivé d’avoir des hallucinations tout en restant paralysé lorsque vous vous endormez et réveillez ? Et pendant ces moments-là, vous sentez-vous perdu et effrayé ? Avez-vous peur de vous endormir et de ressentir à nouveau ces mêmes sensations ?
Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul. Beaucoup de personnes vivent une expérience similaire. Il ne s’agit pas d’une maladie psychiatrique et ça n’a rien à avoir avec le surnaturel ou le spirituel. Ce sont des hallucinations liées à une dissociation des états éveil-sommeil. Et elles sont connues sous le nom d’hallucinations hypnagogiques. Retrouvez tout ce qu’il faut savoir à leur sujet dans les paragraphes ci-après.
Qu’est-ce qu’une hallucination hypnagogique ?
Les hallucinations hypnagogiques sont des manifestations visuelles, auditives ou kinesthésiques qui se produisent lors du passage de l’état de veille à l’état de sommeil ou inversement.
Un phénomène visuel peut consister en l’apparition de créatures, d’insectes, d’entités ou d’une présence qui perturbent. Un phénomène auditif consiste en la perception d’un bruit : voix, musique ou bourdonnement. Pour finir, un phénomène kinesthésique est lié à des mouvements dans l’espace. Le dormeur a l’impression que son corps tombe ou la pièce dans laquelle il se trouve bouge.
Elles peuvent également être tactiles (impression de se faire toucher), olfactives (sentir une odeur) ou gustatives (liées au goût). Parfois le ressenti est bien distinct : tactile, auditif, olfactif, gustatif, kinesthésique ou visuel. Mais il peut arriver qu’il soit mixte : auditif et visuel, olfactif et gustatif, etc.
Quoi qu’il en soit, il ne s’agit là que d’une impression, d’une sensation et non pas d’une pathologie. On parle d’hallucination et sommeil et non pas d’hallucination et maladie psychiatrique.
Pour ceux qui n’en souffrent pas, il est assez facile de dire que rien de tout cela n’est réel. Mais pour le dormeur, l’angoisse et la terreur sont bien présentes. Même si les hallucinations ne durent que quelques secondes, elles impactent beaucoup sa qualité de vie et nuisent à sa santé.
Le dormeur peut se blesser et se faire mal dans les moments de confusion et de panique si jamais il se réveille brusquement. Il peut finir par s’empêcher de dormir pour ne pas avoir à revivre la même expérience.
Or, le manque de sommeil entraîne un dérèglement du rythme circadien. Et lorsqu’on ne dort pas suffisamment, notre organisme fléchit et contracte de nombreuses maladies.
Qu’est-ce l’état hypnagogique ?
L’état hypnagogique est un état intermédiaire entre l’éveil et le sommeil. C’est l’état dans lequel nous nous trouvons au cours de la phase d’endormissement. Nous ne sommes ni réveillés ni endormis, mais entre les 2 (en transition). Et aux frontières de chacun de ces états, les éléments qui leur sont caractéristiques se rencontrent avant de se dissocier.
Si le dormeur s’y attarde, il peut se mettre à avoir des comportements moteurs et mentaux assez particuliers. Il a, en effet, toujours accès à ses 5 sens bien que leur sensibilité ait été légèrement diminuée, et son cerveau est toujours réveillé et conscient. Son tonus musculaire, par contre, a régressé puisque l’atonie des muscles posturaux est caractéristique de l’état de sommeil.
Il se retrouve donc à avoir des pensées, des perceptions et des visions déformées et irréalistes (des troubles sensoriels). Mais il ne peut pas disposer de son corps comme il veut à cause de la paralysie active. Il a donc l’impression d’être bloqué et de ne pouvoir rien faire, d’où la frayeur et les sueurs froides
À noter : pour rappel, un cycle de sommeil comprend 4 phases qui sont l’endormissement, le sommeil lent léger, le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal.
L’endormissement dure moins de 5 % du temps total de sommeil, soit moins de 20 à 30 minutes. Mais les phénomènes liés aux hallucinations hypnagogiques ne se produisent que quelques secondes avant la perte de conscience et le basculement vers le sommeil lent léger.
Qui est touché par les hallucinations hypnagogiques ?
Comme déjà dit, chaque individu peut vivre des hallucinations hypnagogiques à un moment de sa vie. Et ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un trouble répandu qu’il ne faut pas le prendre au sérieux et le traiter.
Selon les chercheurs, 40 % des adultes (en moyenne) ont des hallucinations en rapport avec le sommeil et qu’un adulte a, au moins une fois dans sa vie, eu des hallucinations hypnagogiques. Les hommes sont tout aussi concernés que les femmes.
Les hallucinations liées au sommeil sont rares chez les enfants. Et dans la plupart des cas, elles accompagnent d’autres troubles du sommeil comme les paralysies du sommeil ou la narcolepsie. Mais dans ces cas-là, elles durent un peu plus longtemps.
Existent-ils plusieurs types d’hallucinations liées au sommeil ?
Les hallucinations hypnagogiques ne sont pas les seules hallucinations liées au sommeil. Il y a également des hallucinations hypnopompiques.
Hallucination hypnopompique
Contrairement à l’hallucination hypnagogique, qui se produit pendant le passage de l’état de conscience à l’état de sommeil (l’endormissement), l’hallucination hypnopompique se produit au cours du passage de l’état de sommeil à l’état d’éveil (le réveil).
Les phénomènes perçus dans les deux cas sont similaires puisqu’ils sont liés à la dissociation des états veille-sommeil. Ils peuvent être visuels, olfactifs, auditifs, etc. ou mixtes. C’est la raison pour laquelle les deux sont souvent englobées sous la même appellation : hallucination hypnagogique.
Ce qui les différencie c’est que les hallucinations hypnopompiques sont moins fréquentes et ont une prévalence de 6 à 13 % au cours de la vie. Et le fait qu’elles se produisent au réveil les rend moins violentes (psychologiquement) pour la personne qui en souffre. Celle-ci est généralement convaincue qu’il ne s’agit que de mauvais rêves.
Hallucination hypnagogique causes
Même si les hallucinations hypnagogiques peuvent affecter tout le monde, plusieurs facteurs ont pu être identifiés comme étant des facteurs de risques. Et ces derniers peuvent être d’origine neurologique, psychologique ou comportementale. Il s’agit entre autres de :
La consommation de psychotropes
Les hallucinations peuvent survenir après avoir consommé une quantité assez conséquente de drogues récréatives. C’est également le cas après avoir pris des médicaments contenant de la benzodiazépine (traitement pour soigner l’anxiété et l’insomnie).
Les problèmes psychiatriques ou psychologiques
Les personnes qui souffrent d’un mal-être mental (dépression, stress…) et de troubles psychologiques (bipolarité) ou psychiatriques (schizophrénie) sont susceptibles d’avoir des hallucinations hypnagogiques.
Les troubles du sommeil
Nous l’avons dit un peu plus haut, des hallucinations peuvent accompagner les troubles du sommeil. Celles-ci consistent, la plupart du temps, en une impression de suffocation alors que les voies respiratoires sont bien dégagées et fonctionnent normalement.
Dans le cas de la narcolepsie, le pourcentage des patients qui souffrent d’hallucinations hypnagogiques est de 45 à 67 %. Mais celui-ci diminue au fur et à mesure que les concernés vieillissent et que leur maladie évolue. Dans presque tous les cas, c’est lorsque le patient est sur le ventre ou au sol (s’il tombe) que les hallucinations surviennent.
Les maladies neurodégénératives (lésion du cerveau)
25 à 33 % des personnes qui souffrent de la maladie de Parkinson souffrent d’hallucinations hypnagogiques visuelles. Et celles-ci sont généralement accompagnées de délires liés à la psychose parkinsonienne une fois les patients réveillés.
Attention ! La maladie de Parkinson favorise les hallucinations hypnagogiques, mais l’inverse n’est pas vrai. Ce n’est pas parce que vous avez des hallucinations en vous endormant et que vous allez avoir la maladie de Parkinson dans les mois ou années à venir.
Remarque : cette liste de causes n’est pas exhaustive. Il n’est pas toujours possible d’identifier les causes des hallucinations hypnagogiques d’une personne en particulier.
Hallucination hypnagogique traitement
Les hallucinations hypnagogiques sont souvent bénignes. Ainsi, le meilleur moyen de mettre fin à ce type de phénomènes est d’adopter une bonne hygiène de vie et de sommeil :
- Dormir et se réveiller à des horaires réguliers.
- Dormir dans un endroit favorable au sommeil pour le favoriser et ne pas le perturber : sans lumières, sans nuisances sonores, ni trop chaud ni trop froid, etc.
- Avoir une durée suffisante de sommeil.
- Pratiquer des activités permettant d’améliorer la qualité du sommeil (méditation, sophrologie).
- Ne pas consommer de drogues et d’alcool.
- Remplacer ou arrêter les traitements médicamenteux trop agressifs.
A voir aussi : Heure de sommeil par âge
Pour les patients atteints de narcolepsie, il peut être nécessaire de prendre des médicaments permettant de réduire la cataplexie et de ne pas trop souvent rester dos allongé contre le lit. Pour rappel, la cataplexie est une perte soudaine de tonus musculaire sans toutefois générer une perte de connaissance.
Pour les personnes souffrant de la maladie de Parkinson, les médecins vont prescrire un traitement médicamenteux.
Si vous avez tout fait, mais rien n’a changé, nous vous conseillons de consulter un neurologue, un psychiatre ou un spécialiste du sommeil. Ce dernier va effectuer quelques examens pour essayer de dépister ce qui vous arrive et vous trouver ainsi un traitement adapté.
FAQ – Hallucination hypnagogique
Nous arrivons au terme de l’article sur les hallucinations hypnagogiques. Il est temps de répondre aux questions que les internautes se posent le plus à leur sujet.
Quelle est la fréquence des hallucinations hypnagogiques ?
Les hallucinations hypnagogiques peuvent affecter chaque individu sain d’esprit ou non. Selon les résultats d’une étude statistique réalisée à partir d’un échantillon représentatif de 13 057 personnes âgées de plus de 15 ans incluant des Anglais, des Italiens et des Allemands :
• 24,8 % de la population souffre d’hallucinations hypnagogiques au moins une fois par mois.
• 6,6 % de la population souffre d’hallucinations hypnopompiques au moins une fois par mois.
• 40 % des personnes âgées de 15 à 44 ans, 30 % des personnes âgées de 45 à 60 ans et 25 % des personnes âgées de plus de 65 ans souffrent d’hallucinations hypnagogiques.
• 58,2 % des enquêtés ont des hallucinations hypnagogiques sans raison médicale, neurologique ou comportementale.
Ce qui confirme bien le fait que c’est un trouble qui peut arriver à tout le monde.
Quels sont les liens entre les paralysies du sommeil et les hallucinations ?
La paralysie du sommeil est elle aussi liée à la dissociation des états éveil-sommeil. Le dormeur n’est ni complètement endormi ni complètement réveillé, mais entre les deux.
Son cerveau est toujours conscient et éveillé, mais son corps est immobilisé à cause de la libération de glycine, un inhibiteur du motoneurone spinal (le processus responsable de l’immobilisation du corps ou l’atonie musculaire pendant le sommeil).
Il se met donc à avoir des visions et des pensées irrationnelles dans son état à demi endormi. Et si la paralysie du sommeil génère une sensation de peur, le dormeur ne peut rien faire puisque son tonus musculaire est au plus bas.