Dette de sommeil: un manque de sommeil chronique
Selon une étude publiée par Qapa en Octobre 2022, les Français dorment de plus en plus mal. Pour mettre en lumière cela, Santé publique France publiait une étude en 2019 qui mentionnait qu’un français dort en moyenne 6h42 par nuit. Ce qui est trop peu au vu des besoins. Un adulte a besoin de 7 à 9h de sommeil par nuit pour être en forme et en bonne santé.
Or un manque de sommeil régulier peut entraîner une dette de sommeil. De quoi s’agit-il ? Quelles sont les conséquences de cette privation de sommeil ? Pour le découvrir, c’est dans la suite de cet article consacré au manque de sommeil chronique. Ce que l’on appelle communément la dette de sommeil.
Qu’appelle-t-on une dette de sommeil?
La dette de sommeil est parfois connue sous un autre terme : l’hyposomnie. Dans tous les cas, cela désigne la même chose.
La dette de sommeil désigne un manque de sommeil et plus particulièrement un manque de sommeil chronique. On parle de dette de sommeil chronique lorsque l’on constate une réduction du temps de sommeil cumulée sur plusieurs jours. Cette réduction doit être d’1h à 2h par nuit et a souvent lieu durant une semaine de travail.
À terme, cette restriction du temps de sommeil sur une semaine par exemple a les mêmes effets qu’une nuit blanche. C’est donc à ce moment-là que cette hyposomnie est considérée comme problématique. Elle fait partie des troubles du sommeil dont les causes peuvent être multiples.
Cette dette de sommeil peut être liée à un équilibre veille/sommeil qui ne correspond pas aux besoins de sommeil. Il s’agit là d’un trouble du rythme circadien pouvant être causé par des contraintes professionnelles ou une vie sociale chargée. Les sorties tardives, l’hyper-connectivité ou la pratique d’activité sportive (découvrez notre article détaillé sur le sport et le sommeil) en soirée peuvent dérégler ce rythme veille/sommeil. Et entraîner une privation, qui, si elle s’accumule sur plusieurs nuits, a des conséquences néfastes sur la santé.
Pour évaluer une dette de sommeil, on se base sur un manque de sommeil accumulé sur les 15 derniers jours.
Quelles sont les conséquences de la dette de sommeil?
#1. Conséquence cognitive
Cela a été prouvé maintes fois, le sommeil est crucial pour le bon fonctionnement du cerveau. Après une nuit courte, on a plus de mal à « fonctionner » au cours de la journée suivante.
Si ces nuits courtes se succèdent, alors cela peut avoir des conséquences cognitives qui viennent troubler la vie quotidienne. Ces conséquences peuvent être :
- Somnolence
- Troubles de l’humeur (irritabilité, instabilité émotionnelle)
- Baisse de la concentration et de la vigilance
- Augmentation du stress
- Problèmes de mémoire
- Altération du jugement
- Hausse de la perception de la douleur
Rester éveillé durant 17h d’affilée provoque un risque accidentel comparable à celui lié à un taux d’alcool de 0.5g/l. Des recherches ont également démontré que le manque de sommeil avait des conséquences sur la mémoire.
Sur le long terme cette hyposomnie peut provoquer des troubles cognitifs graves. Elle impacte également les fonctions cognitives supérieures. Et ce, à cause du manque d’élimination des déchets toxiques (qui se fait durant le sommeil).
#2. Conséquence immunitaire
C’est dans les années 1970 que la médecine a établi le lien entre système immunitaire et sommeil. En premier chez les animaux, puis chez l’être humain. Plusieurs études ont ensuite montré que les personnes manquant de sommeil ont plus de risques de développer certaines maladies.
Par exemple un rhume ou des troubles plus graves, comme des maladies respiratoires ou infectieuses. Mais ce manque de sommeil peut aussi entraîner des cancers.
En effet, les personnes qui souffrent d’un manque de sommeil présentent un risque d’infections récurrentes. Une étude a montré qu’une personne en manque de sommeil a 4 fois plus de risques de s’enrhumer.
#3. Conséquence organique
Plusieurs études ont également fait le lien entre hyposomnie et risque accru de maladies cardio-vasculaires. Les personnes qui ont une dette de sommeil sont aussi plus souvent atteintes de diabète de type 2. Ceci est dû notamment à une dégradation du métabolisme du glucose.
Les personnes souffrant d’une dette de sommeil ont aussi plus de risques de souffrir d’hypertension artérielle.
Mais cela à d’autres impacts sur le corps. Par exemple, les personnes qui ne dorment pas suffisamment ont une propension accrue à prendre du poids. Selon une étude réalisée en 2012, faire des nuits de moins de 6h augmente le risque d’obésité chez l’adulte. Cette prise de poids s’explique par une régulation altérée des prises alimentaires et une perturbation des hormones de croissance. (découvrez notre article détaillé sur la relation entre la prise de poids et le sommeil)
Les accidents vasculaires cérébraux sont aussi plus fréquents chez les personnes présentant une dette de sommeil.
Les symptômes de la dette de sommeil
Symptômes pathologiques
#1. Insomnie
La dette de sommeil peut découler d’une pathologie du sommeil non traitée et/ou non détectée. C’est le cas par exemple de l’insomnie qui est un trouble assez fréquent puisqu’elle touche environ 1 tiers des Français adultes.
Elle peut se manifester de plusieurs façons :
- Incapacité à s’endormir au moment du coucher
- Impossibilité de se rendormir une fois éveillé pendant la nuit
- Incapacité à rester endormi durant la nuit
Cela provoque un manque de sommeil. Celui-ci n’est pas de qualité, il n’est donc plus récupérateur. La personne ressent une grande fatigue et une somnolence diurne (en journée).
#2. Syndrome des jambes sans repos
Aussi appelé maladie de Willis-Ekbom, le syndrome des jambes sans repos affecte environ 3% des Français. Elle affecte aussi bien l’enfant que l’adulte.
Elle se manifeste par un besoin irrépressible de bouger les jambes. Les patients ressentent des fourmillements, des picotements ou une sensation de décharge électrique dans les jambes.
Les nuits sont donc entrecoupées, le sommeil perd en qualité et en quantité, d’où une possible hyposomnie.
#3. Syndrome d’apnée du sommeil
Ce trouble du sommeil touche environ 4 à 9% des adultes. Il se caractérise par des pauses respiratoires répétées au cours de la nuit. En moyenne ces pauses durent 10 secondes (mais leur durée peut parfois atteindre 30 secondes. Ces pauses se produisent une centaine de fois par nuit.
Ce trouble du sommeil touche principalement les personnes qui ronflent. Il est important de déceler et traiter les apnées du sommeil. En effet, une personne apnéique non traitée à 6 à 7 fois plus de risques d’avoir des accidents de la route.
De même, ces personnes ont 2 fois plus de risques d’avoir des accidents de travail. Enfin, elles sont également plus à risque de souffrir d’un diabète de type 2. Des examens existent (comme la polysomnographie par exemple) pour déceler ce trouble.
Il existe des traitements contre l’apnée du sommeil. Selon les cas cela peut être un traitement par Pression Positive Continue (PPC). C’est-à-dire le port d’un appareil pendant les nuits. Ou le port d’une gouttière appelée Orthèse d’Avancée Mandibulaire (OAM).
#4. Symptômes chroniques
L’hyposomnie se manifeste via différents symptômes et notamment :
- Baisse de vigilance
- Fatigue au lever
- Bâillements nombreux
- Difficultés de concentration
- Yeux qui piquent, acuité visuelle qui baisse, vision parfois floue
- Raideurs dans le dos et/ou la nuque
- Somnolence
Si vous ressentez ces symptômes au quotidien, c’est le signe d’un manque de sommeil. Afin d’éviter que ce manque de sommeil s’installe, il est conseillé d’en parler avec un professionnel de santé. Cela peut être le symptôme d’une dette de sommeil et/ou d’autres troubles.
Quelques chiffres sur la dette de sommeil
Voici quelques chiffres pour mieux appréhender l’hyposomnie :
- 36% des Français dorment de 2 à 6 heures par nuit.
- En moyenne, les Français dorment 6h42 par nuit. Sachant que le temps de sommeil idéal se situe entre 7h et 9h.
- Plus d’un quart des adultes souffrent d’une dette de sommeil. Il y a plus de 60 minutes de différence entre le temps de sommeil idéal et leur temps de sommeil. Notamment en semaine, ce qui est le signe d’une hyposomnie.
- La menace d’un AVC est multipliée par 4 chez les personnes en manque de sommeil.
- La somnolence au volant est la 1ère cause d’accidents mortels sur l’autoroute.
- L’hyposomnie multiplie par 2 le risque de maladies cardiaques.
Face aux nombreuses conséquences d’un manque de sommeil, il est important d’agir et ne pas laisser ce manque s’installer. En cas de problèmes pour dormir, il faut donc en parler à un professionnel de santé.
FAQ – Dette de sommeil
Quelle est la différence entre la dette de sommeil et l’hyposomnie ?
L’hyposomnie est ce que l’on appelle communément la dette de sommeil, ou le manque de sommeil chronique. Il n’y a donc pas de différence.
À ne pas confondre avec l’hypersomnie, qui est un autre trouble du sommeil. Les personnes hypersomniaques ont un sommeil nocturne très solide. Cela signifie qu’elles vivent peu de réveils nocturnes et dorment très longtemps. Cependant, elles éprouvent de grosses difficultés à se lever le matin.
L’hyposomnie désigne donc un manque de sommeil, alors que l’hypersomnie, au contraire, désigne un besoin excessif de dormir.
Dans les deux cas, ces troubles nécessitent un avis d’un médecin.
Comment remédier au manque de sommeil ?
Pour aider à lutter contre un manque de sommeil, plusieurs astuces peuvent être mises en place. Par exemple :
Respecter le rythme de sommeil, et vos besoins personnels en sommeil.
‣ Avoir des horaires réguliers de lever et de coucher.
‣ Pratiquer une activité physique régulière.
‣ S’exposer au moins tous les jours à la lumière naturelle.
‣ En cas de somnolence, faire une sieste de 5 à 20 minutes maximum en début d’après-midi.
‣ Évitez la consommation d’alcool et ou d’excitants (tabac, caféine…) après 20h.
‣ Déconnecter des écrans au moins 2h avant le coucher pour faciliter l’endormissement.
‣ Avoir un moment calme avant le coucher (méditation, lecture…). Cela aide à réduire le stress et donc facilite l’endormissement.
‣ Dormir dans de bonnes conditions : chambre pas trop chaude (entre 18° et 20°C), obscurité, silence.
‣ Si malgré la mise en place de ces astuces votre sommeil est toujours aussi perturbé. Il faut consulter un professionnel de santé.