Selon le CRTS (Centre du Ronflement et des Troubles du Sommeil), le syndrome de l’apnée du sommeil (SAS) concerne 5 à 7% des adultes. Ce pourcentage dépasse les 15% chez les plus de 75 ans. Sachant, toujours selon le CRTS, que 80 % des patients atteints d’apnée du sommeil ne sont pas diagnostiqués. Avant d’entrer dans les détails, le syndrome SAS est une obstruction partielle ou complète des voies aériennes supérieures.
Quel est ce syndrome exactement ? Quels sont les symptômes de l’apnée du sommeil ? Existe-t-il un test pour l’apnée du sommeil ? Voici quelques thématiques que nous allons aborder dans ce contenu sur l’apnée du sommeil. Afin de connaître les symptômes et les traitements possibles de ce syndrome.
Apnée du sommeil : les explications de ce trouble
Les apnées du sommeil sont appelées syndrome d’apnée hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS) dans 90 % des cas. Ce trouble du sommeil est appelé ainsi lorsque l’apnée résulte d’efforts respiratoires causés par l’obstruction des voies respiratoires (nez, bouche ou encore pharynx).
Ces pauses respiratoires sont causées par des périodes répétées d’obstruction des voies respiratoires situées dans l’arrière-gorge. Ces épisodes d’obstruction des voies respiratoires peuvent interrompre ou réduire la respiration pendant le sommeil. Si la respiration est interrompue, on parle d’apnées. Si elle est réduite, on parle alors d’hypopnée. C’est pour cela que le syndrome a été rebaptisé syndrome d’apnée-hypopnée obstructive.
Ces pauses respiratoires durent en moyenne de 10 à 30 secondes. Mais chez certaines personnes elles peuvent durer plus longtemps. C’est leur fréquence qui fait que ces pauses respiratoires sont considérées comme un trouble du sommeil. En général, ces épisodes d’obstruction ont lieu au moins 5 fois par heure de sommeil. Ce qui fait que sur une seule nuit, un patient peut souffrir d’une centaine de pauses respiratoires.
Cette apnée ou cette hypopnée obstructive provoque une baisse de la ventilation. Le cerveau se retrouve moins oxygéné, ce qui, de fait, le fait réagir. Le patient se réveille pour reprendre sa respiration. Ces éveils sont si courts que la personne n’en a souvent pas conscience, c’est ce qu’on appelle des « micro-éveils ».
On associe souvent l’apnée du sommeil aux ronflements nocturnes et à la somnolence en journée. Même si la personne n’en a pas conscience, ces « micro-éveils » nuisent à la qualité de son sommeil, qui n’est pas vraiment réparateur car entrecoupé.
Pour « mesurer » la « gravité » de ce trouble du sommeil, on calcule un Indice d’Apnées/Hypopnées (IAH). C’est-à-dire le nombre d’apnée ou hypopnée obstructive par heure de sommeil :
- De 5 à 15 : apnée du sommeil légère.
- De 16 à 30 : apnée du sommeil modérée.
- Au-dessus de 30 : apnée du sommeil sévère.
L’apnée du sommeil peut avoir de lourdes conséquences sur la santé. Elle présente notamment un risque pour la santé cardiaque. Il est donc important de consulter un médecin pour établir un diagnostic et ainsi mettre en place un traitement contre l’apnée du sommeil.
Apnée du sommeil : symptômes
#1. Les symptômes nocturnes
L’apnée du sommeil fait partie de la famille des troubles du sommeil comme la narcolepsie, le somnambulisme ou les terreurs nocturnes. La majorité des symptômes de ce syndrome se déclare donc la nuit.
Les plus communs sont les ronflements. Il s’agit d’un ronflement très bruyant qui perturbe le sommeil du patient ou de son entourage. Ces ronflements gênants sont présents dans 95% des cas d’apnées du sommeil.
Autre symptôme de ce trouble du sommeil : la mauvaise qualité du sommeil. En effet, les pauses respiratoires à répétition qui surviennent la nuit provoquent des « micro-éveils ». Les cycles du sommeil sont donc perturbés. Ce qui nuit à la qualité du sommeil qui n’est plus aussi réparateur.
Au cours de la nuit, les patients sujets aux apnées font souvent des cauchemars en lien avec ce trouble. Comme des cauchemars ayant pour thèmes l’asphyxie, la chute ou encore la mort imminente.
Plus étonnant, l’apnée du sommeil peut entraîner une nycturie. Très gênant, ce symptôme consiste à se lever plusieurs fois par nuit pour uriner. Ce qui encore une fois perturbe le sommeil, qui est de moins bonne qualité.
Parfois, le patient souffrant de ce syndrome peut se réveiller en sursaut, avec la sensation d’asphyxie ou d’étouffement. Avec ce trouble du sommeil, la nuit est particulièrement agitée. Il est courant qu’au matin le patient retrouve son lit défait à cause de nombreux mouvements nocturnes.
#2. Les symptômes durant la journée
Si les apnées ont lieu la nuit, ce trouble du sommeil n’est pas sans conséquences sur la journée. En effet, certains symptômes de l’apnée du sommeil sont observables en journée.
Une des manifestations majeures de l’apnée du sommeil est la somnolence diurne. Il s’agit ici d’une somnolence diurne excessive, qui ne peut pas être due à d’autres facteurs. Plusieurs « degrés » de somnolence sont observés :
- Une somnolence légère : avec peu de conséquences sur la vie quotidienne. Elle apparaît lorsque le patient regarde la télévision, qu’il est en train de lire… Dans des situations où il est plutôt passif.
- Une somnolence plus grave : avec des endormissements involontaires. Cela peut arriver lors d’une réunion, lors de repas, ou lorsque le patient conduit.
Autre symptôme courant de ce trouble du sommeil, la difficulté à se concentrer durant la journée. Ceci est notamment dû à la mauvaise qualité du sommeil.
Il est courant que les patients souffrant d’apnée du sommeil présentent des troubles de l’humeur. Comme une forte irritabilité et des changements d’humeur. Les apnées peuvent entraîner de l’anxiété, voire un sentiment dépressif, ce qui a une incidence directe sur l’humeur du patient.
Très souvent, les patients se plaignent de maux de tête, et ce dès le réveil, c’est ce que l’on appelle d’ailleurs des « céphalées matinales ». Généralement, ces céphalées disparaissent lorsque le patient entame « réellement » sa journée.
La fatigue intense, un des symptômes de l’apnée du sommeil, peut expliquer la baisse de libido ressentie par certains patients. Chez certains patients, on note également des troubles de l’érection.
Apnée du sommeil : comment savoir que l’on est sujet à ce trouble
Comme nous venons de le voir, les symptômes de l’apnée du sommeil peuvent prendre différentes formes. Certains, comme la somnolence diurne ou les ronflements, peuvent apparaître chez des personnes non atteintes de ce trouble du sommeil. C’est pour cela qu’il est important de consulter un professionnel de santé, qui pourra établir un diagnostic précis.
Pour arriver à ce diagnostic, il y a deux grandes étapes : la consultation médicale et le bilan du sommeil.
1) La consultation médicale
Lors de la consultation, le médecin se penchera sur les divers symptômes que le patient déclare ressentir. Il pourra par exemple lui proposer de tenir un agenda du sommeil, afin de suivre avec précision l’apparition de ces symptômes.
Il établira la liste des facteurs de risque de l’apnée du sommeil que présente le patient, et notamment : l’obésité, l’âge, le sexe ou la consommation d’alcool. Les personnes âgées, les hommes ou les personnes en surpoids sont les plus touchés.
Le médecin cherchera aussi à déceler d’autres facteurs de risque, notamment cardiovasculaire, qui sont souvent associés à l’apnée du sommeil.
Le médecin peut aussi réaliser un examen ORL afin de s’assurer du bon fonctionnement de l’appareil respiratoire. Et qu’il n’y a aucune obstruction nasale ou des voies aériennes.
2) Le bilan du sommeil
Si le médecin suspecte la présence d’apnées, il peut demander à réaliser un test pour déceler l’apnée du sommeil. Ceci peut se faire de plusieurs manières, via une polygraphie ventilatoire nocturne ou une polysomnographie.
La polysomnographie est un examen plus complet, constitué de divers tests. Ce test pour déceler l’apnée du sommeil peut être réalisé en établissement de santé ou au domicile du patient. L’enregistrement des diverses données dure généralement une nuit entière. Divers capteurs permettent d’enregistrer l’activité cardiaque, les mouvements oculaires ou encore l’activité cérébrale.
Avec la polysomnographie, le médecin peut suivre et identifier les diverses phases du sommeil. Et évaluer la qualité du sommeil, la présence ou non de pauses respiratoires (et leur fréquence) … La polysomnographie est donc un test complet pour confirmer la présence d’apnée du sommeil, et évaluer sa gravité.
Apnée du sommeil : traitement
1. Mesures hygiéno-diététiques
Avant de commencer un traitement plus « lourd », le médecin recommande généralement la mise en place de mesures simples.
Comme :
- La perte de poids (notamment en cas d’obésité ou de surpoids).
- La pratique régulière d’une activité physique.
- La réduction de la consommation d’alcool (surtout le soir) et de tabac.
- Changer de position pour dormir. Dans certains cas, les apnées n’apparaissent que lorsque le patient dort sur le dos. L’utilisation de dispositifs le maintenant sur le côté peut résoudre le problème. C’est ce que l’on appelle la thérapie positionnelle.
Dans les cas d’apnée du sommeil légère, ces mesures peuvent parfois suffire.
2. La pression positive continue
La PPC (Pression Positive Continue) nécessite, comme son nom l’indique, l’utilisation d’un appareil à pression positive continue. Cet appareil PPC permet l’ouverture des voies respiratoires, en insufflant de l’air de manière continue, et à une pression définie. Voilà pourquoi cet appareil est également appelé ventilation en pression positive continue.
Cet appareil PPC se présente sous la forme d’une machine (fournissant le débit d’air) à laquelle est relié un masque. Ce masque est maintenu sur le visage du patient via des harnais. Il existe différents types de masque. Certains couvrent uniquement le nez, alors que d’autres couvrent le nez et la bouche.
L’appareil PPC pour l’apnée du sommeil peut parfois être considéré comme intrusif. Mais c’est le traitement le plus efficace contre ce trouble du sommeil, même dans sa forme grave.
3. L’orthèse d’avancée mandibulaire
Cet appareil doit être porté durant le sommeil. Il doit être fabriqué uniquement par un orthodontiste ou un dentiste. Il permet de maintenir la mâchoire inférieure dans une position avancée. Et ce, afin de faciliter le passage de l’air dans les voies respiratoires.
L’utilisation de cet appareil est préconisée chez les personnes souffrant d’apnées légères ou modérées. Ou chez les personnes ne pouvant pas suivre un traitement par Pression Positive Continue.
4. La chirurgie
En dernier recours, le médecin peut préconiser une intervention chirurgicale, généralement réservée à des cas particuliers. Comme chez les personnes présentant des anomalies anatomiques dans le domaine ORL ou maxillo-facial, ou ne pouvant pas suivre le traitement PPC.
Ces chirurgies ont donc pour but d’enlever l’obstacle empêchant le passage de l’air dans les voies respiratoires (nez ou pharynx). Ce peut-être par exemple une opération du voile du palais, des amygdales, du nez ou encore du maxillaire inférieur.
Dans certains cas, notamment dans les cas d’obésité, une opération pour favoriser la perte de poids peut être envisagée. En effet, comme nous l’avons mentionné, l’obésité est un facteur de risque de l’apnée du sommeil.
FAQ – Apnée du sommeil
Quels sont les différents types d’apnée du sommeil ?
Il existe 3 grands types d’apnées du sommeil :
Apnée obstructive du sommeil : Il s’agit de la forme la plus fréquente. C’est la fermeture répétée des voies respiratoires supérieures ou de la gorge au cours de la nuit. Elle provoque une interruption répétée de la respiration, sur des durées de plus de 10 secondes.
Apnée centrale du sommeil : Forme plus rare. Il s’agit d’une altération du contrôle de la respiration dans le tronc cérébral, une zone du cerveau.
Apnée mixte : comme son nom l’indique, ce type d’apnée du sommeil est un mélange des facteurs des deux autres formes. Cette forme d’apnée commence généralement comme une apnée obstructive. Elle se traite également comme une apnée obstructive.
Pour un traitement adapté de l’apnée du sommeil, il faut faire réaliser un diagnostic par un professionnel de santé.
Qui sont les personnes les plus touchées ?
Les personnes les plus à risque sont les personnes âgées, notamment les hommes. En effet, les hommes sont deux fois plus susceptibles d’être atteints de ce trouble du sommeil. L’âge joue un rôle majeur, puisqu’on estime que 30% des plus de 65 ans souffrent d’apnée du sommeil.
L’obésité, la consommation d’alcool ou des anomalies des voies respiratoires sont également des facteurs aggravants.